C’est arrivé un hiver, il y a très longtemps alors que je marchais entre deux villages éloignés au cœur de la Montagne Bourbonnaise. J’avais décidé de rejoindre le village de mes grands-parents par un col en forêt en suivant la ligne des crêtes, à près de mille mètres d’altitude. Mais depuis le début de la marche, j’avais été ralenti par la neige bien plus épaisse que je ne l’avais pensé, transformant le paysage. Les nuages sombres courraient dans le ciel déchirés par les pointes de sapins.
Ainsi, malgré mes efforts, je me suis trouvé surpris par la tombée de la nuit, encore sur la crête loin de toute habitation.
Il me fallait, sans plus attendre, allumer un feu et attendre le matin à la chaleur des flammes.
La forêt, pour qui sait l’aimer et l’écouter, n’est pas une menace pour le voyageur égaré, mais au contraire un refuge et un abri contre les vents mauvais.
Je commençais donc à rassembler du bois pour faire un feu quand, entre deux arbres enneigés, j’ai vu une lumière dans les ombres d’un hameau que je croyais pourtant abandonné.
Je regardais encore une fois autour de moi, comme pour m’assurer de n’être point égaré, d’avoir suivi le bon chemin des crêtes, que ce hameau était bien celui que je croyais. Je ne m’étais pas trompé, c’était bien là. Pourtant ces quelques maisons n’auraient dû être que ruines désertes. Cette lumière était mystérieuse et inexplicable.
Etrange, pourtant je repris mon sac et je m’y dirigeais…
